Ton coeur bat à cent à l'heure dans ta poitrine. Tu as l'horrible impression qu'il va sortir, exploser hors de ta cage thoracique. Tu soupires, passant une main dans tes cheveux bruns coupés courts. Est ce réellement une bonne idée ? Tu en doutes et pourtant, ça fait des jours et des jours que tu le veux. Il faut que tu prennes les choses en main. Tu le sais très bien. Tu ne dois plus reculer. Shay n'arrête pas de te le répéter et pourtant, tu trouves toujours une excuse pour tout remettre au lendemain. Encore et encore. Inlassablement. Mais ça ne peut plus durer. Ca aussi, tu le sais très bien. Tu dois prendre les choses en main et arrêter de tourner en rond, à l'instar d'un lion en cage, dans ton petit appartement du centre ville. Tu soupires encore une fois et t'arrêtes près de la fenêtre. Tu aimerais tellement que les choses soient plus simples. Mais fond, le compliqué te correspond mieux. Tu t'ennuierais rapidement si tout était acquis au bout de quelques secondes. Finis les challenges, les défis, les paris à la con. Tu secoues la tête. Non, ça c'est réellement fini. Tu as trop perdu à cause de ça et aujourd'hui, tu t'en mords les doigts. Plus jamais tu ne referas cette erreur là car tu sais qu'elle peut tout ruiner en l'espace de deux ou trois minutes. Et après ça ? Tu te retrouves comme un narvalot à essayer de retrouver l'homme que tu aimes pour apprendre qu'il est à l'hôpital sans avoir le courage d'aller le voir. Tu sais que Ruben t'en veut à mort. Tu prends ta tête entre tes mains et t'appuis contre le mur. Voyons Logàn, arrête d'agir comme un gosse de cinq ans et soit un mec. Un vrai. Tu sais ce qu'il te reste à faire. Dans un geste enfin décidé, tu attrapes ton smartphone et tes clefs. Tu sautes rapidement dans ta voiture. Maintenant, tu ne plus faire marche arrière. Tu démarres en trombes après avoir vérifié dans ton rétroviseur. Tu connais la route pour aller à l'hôpital par coeur. Vu le nombre de fois où tu t'y es rendu pour faire aussitôt demi tour. Cette fois ci, tu te gares sur le parking et entre, passant par les grandes portes en verre du hall. Tu t'arrête, sentant une boule apparaître dans ton ventre. Comment va réagir Ruben s'il te voit ici. Il va probablement te lancer tout un tas de choses au visage. Il faut dire que tu l'as bien cherché même si y penser te fais mal. Tu inspire une longue bouffée d'air et avance d'un pas que tu veux décidé jusqu'à l'accueil. Les deux réceptionnistes ne semblent pas avoir avoir remarqué ta présence. Tu te racles la gorge afin de capter leur attention. La jeune femme relève la tête vers toi. Ses yeux gris brillent. Elle ne tarde pas à t'offrir un large sourire. En temps normal, cela t'aurais plus, tu en aurais profité, poussant le jeu à son paroxysme mais là, tu ne veux pas. Ce n'est pas le bon moment. Loin de là même. « - Monsieur ? Je peux vous aider ? » Tu soupires. Si tu es là, ce n'est certainement pas pour danser la polka et pour acheter un ours polaire à casquette rose et ongles vernis. Tu tâche quand même de paraître courtois. Pour une fois. « - Euh ouais. Je pourrais avoir la chambre de Ruben Kingston s'il vous plait ? Il est ici depuis quelques jours et euh... je suis... un ami. Ouais, un ami à lui. » Elle te regarde, dubitative puis s'empresse de taper sur son clavier. Elle cherche, son visage étant éclairé par la lumière de l'ordinateur. « - Kingston... Kingston... Ah voilà ! Il sort aujourd'hui mais il n'a pas encore signé la décharge. Il est encore dans l'hôpital. Il est chambre 301. Avec un peu de chance, vous le trouverez dans sa chambre. C'est sympa de venir voir votre... ami. » Elle appuie sur le dernier mot mais tu t'en fiches. Tu lui murmure un merci avant de t'élancer dans le dédale de couloirs. Tu finis par arriver devant la chambre trois cent une. Il y a du mouvement. Ruben est encore là. Tu hésites. Tu peux repartir encore. Mais tu toques. Entendant un bruit, tu entres. Ton regard se pose rapidement sur lui. « - Ruben... »