C'est l'histoire d'une petite fille qui vit le jour un certain 12 mai 1988 à Wellington en Nouvelle Zélande. Un événement qui répandit autant la joie que le malheur dans la famille Ellis-Eaton. En effet, la mère de l'enfant succomba des suites de complications après l'accouchement. Le père de l'enfant nomma la fillette Mia comme le souhaitait son épouse et lui donna en deuxième prénom celui de sa mère, Elisabeth.
Ce ne fut pas une tâche facile pour Tobias d'élever cet enfant qui, en grandissant, lui rappelait tant son épouse. Autant dire que la petite Mia ne reçut pas vraiment tout l'amour qu'elle avait eu besoin dans les premières années de sa vie, le deuil de sa mère et la tristesse étant toujours omniprésent dans l'esprit de son père. Néanmoins, une voisine fut d'un énorme soutien pour le père célibataire. La femme, de quelques années plus jeune que Tobias, avait perdu son mari également, militaire américain engagé en Iraq, il avait été tué dans une embuscade. Ce soutien bientôt se mua en une relation qui donna trois ans après la naissance de Mia une petite sœur, Abby.
Dès lors, on aurait pu penser à un happy ending mais ce ne fut pas pour autant que Mia fut beaucoup plus aimée, la famille recomposée en avait plus pour Abby que pour elle. Mia ne pouvait s'empêcher d'être jalouse de l'attention que captait sa demi-sœur. Lorsqu'elles grandirent, bien que Mia et Abby avaient deux caractères différents, la relation entre les deux filles qu'on pourrait qualifier de fusionnelle avec autant de rivalité que d’amour fut un vrai pilier pour la construction de Mia qui fragilisée par ce manque d'amour chronique était devenue ce qu'on appelait communément dépendante affective.



Durant son adolescence, Mia se prit de passion pour la photographie et la musique. Ces deux arts lui permettant de capter l'instant à travers l'appareil photo ainsi que de le ressentir par la musique. Elle apprit ainsi à jouer du piano et du violon pour le plaisir de jouer tout simplement, n'ayant que quelques notions de solfège. Elle était douée pour la musique mais elle ne voulait pas pour autant rejoindre le conservatoire. Là, les étudiants étaient bien trop formatés au goût de la brune et rejouer bêtement des morceaux ne l'intéressait pas vraiment. Durant son temps libre, Mia aimait se balader dans les rues de Wellington, appareil photo autour du coup, objectifs divers dans un sac en bandoulière. Elle aimait particulièrement prendre en photo les scènes du quotidien, celles dont personne ne semble se soucier ainsi que les paysages paradisiaques de Wellington.
Côté scolaire, la jeune fille était aussi douée en sciences et adorait cette matière. Cela lui apportait ce que la photographie et la musique ne pouvait pas lui donner, les explications, le pourquoi du comment de toutes ces choses que l’art ne permet que de capter ou de ressentir.  Le seul endroit où la demoiselle n'excellait pas était les dissections. En effet, Mia avait une peur panique du sang, allez savoir pourquoi. Une seule petite goutte rouge et la brune devenait aussi pâle qu'un cachet d'aspirine.

Lorsque Mia eut 17 ans, quelques mois avant son anniversaire, sa famille déménagea à Gold Coast, Queensland, Australie. Elle intégra le lycée de la ville ainsi qu'Abby. Les demi-sœurs arrivèrent en cours d’année scolaire et s’intégrèrent dans leurs classes respectives. Bien vite, une élève fut en charge d'aider Mia à se faire à ce nouvel environnement. La jeune fille qui s’occupait de Mia devint alors sa meilleure amie. Cette dernière, cheerleader, l’invita à les rejoindre trouvant que Mia avait la capacité de faire partie de l’équipe. Mia intégra donc l’équipe de cheerleaders du lycée de Gold Coast. Son appartenance aux cheerleaders fit de Mia une fille populaire, et le moindre faux pas ne lui était pas permis. A cette époque-là, elle commença d’abord à se soucier de son poids, puis à complexer sur le peu de poids qu’elle pouvait prendre, craignant d’être virée de l’équipe. De plus, les tabloïds vantaient la beauté de ces mannequins ultra-minces. Mia sombra dans l’anorexie, allant se faire vomir après chaque repas. Personne ne s’en rendit compte à l’époque, pas même Abby encore moins son père et sa belle-mère.  



C’est également au lycée que la brune rencontra Liam.  Le séduisant jeune homme, avait tapé dans l’œil de la jeune femme, était alors le capitaine de l’équipe de football du lycée. Capitaine de l’équipe de football-cheerleader, vous voyez ce que je veux dire, il aurait été presque logique que les jeunes gens soient LE couple du lycée. Perdu, le sportif était déjà pris, par la meilleure amie de Mia qui plus est. Cela n’empêcha pas pour autant Mia de mater et fantasmer discrètement le jeune homme pendant les cours. Enfin, discrètement, tout est relatif, Abby se rendit compte de l’intérêt que portait Mia à Liam. Et les discussions jusqu'au bout de la nuit entre les deux sœurs portaient fréquemment sur Liam, dont Abby se méfiait quelque peu du fait de son côté arrogant et car elle ne le côtoyait beaucoup moins que sa soeur. Mais qu’importe, Abby n’avait pas réussi à faire changer d’avis la jeune femme. Mia dissimulait donc ses sentiments pour l’irlando-australien de ses camarades de lycée. Mais bientôt, à force de traîner en compagnie du couple et de tenir la chandelle, la meilleure amie de Mia eut quand même quelques doutes sur les vues de Mia sur Liam. La dite meilleure amie lui rappela alors, de manière cordiale, qu’entre meilleures potes la chasse gardée était de mise et que l’équipe de football comportait d’autres joueurs parfaitement célibataires. Ainsi, la brune se contenta de l’amitié du jeune homme mais ne sortit pas pour autant avec d’autres garçons bien longtemps. Juste assez pour faire croire à sa meilleure amie que Liam n’occupait plus ses pensées. Et oui, Mia savait être manipulatrice quand cela lui était nécessaire.
Quelques mois plus tard, le professeur référant de la classe se présenta en première heure. Il y avait un absent parmi la classe de Mia. Une absence qu’elle avait remarquée bien avant que l’homme entre dans la pièce, celle de Liam. Le référant leur appris que le capitaine de l’équipe de football avait quitté l’Australie et été parti habiter chez son oncle en Irlande. Sérieusement ? Ils les prenaient pour des billes ou quoi ? La jeune femme ne crut pas une seule seconde aux salades que racontait le prof. Enfin, pourquoi un des types les plus populaires du lycée quitte en plein milieu d’année l’Australie pour aller vivre à des kilomètres de là ? Il devait bien y avoir un truc bien plus grave. On ne part pas comme ça sans prévenir, s’il avait prévu son « déménagement », il aurait pris la peine d’en faire part à sa petite amie et ses amis au moins. Et Mia constata qu’eux n’ont plus ne savaient rien du départ du jeune homme. Cela conforta la brune dans son avis.
Un an et demi passa sans nouvelles de Liam. Mia finit par se faire à l’idée que finalement Liam avait dû se lasser de l’Australie et effectivement partir vivre chez son oncle en Irlande. Elle aurait quand même donné cher pour avoir de nouveau contact avec le jeune homme, ne serait-ce que pour savoir s’il allait bien et aussi ce qu’il devenait. Quelques mois plus tard, Mia eut la réponse à ses deux questions, apercevant Liam au détour d’une ruelle de Gold Coast, un soir. Ainsi il était revenu, à moins qu’il ne fut jamais parti très loin de la ville mais ça, la photographe amateur ne pouvait le savoir. Elle se promenait alors en quête de nouvelles photos à prendre lorsqu’elle reconnut la silhouette familière d’O’Malley. Il avait bien changé en deux années, il était notamment amaigri et blême. Mia n’osa pas aller le voir ce jour-là et attendit quelques semaines avant de franchir les portes du Blackstone Bar là où, Mia avait vu en passant, qu’avait été embauché son ami. Elle ressortit presque aussitôt qu’elle y fut entrée. Il était bien loin le temps où Mia et O’Malley étaient dans la même classe et où elle tenait la chandelle tout taisant son attirance pour le jeune homme. Cela ne faisait que très peu que temps qu’il était de retour et déjà, une femme lui avait sauté au coup. Une femme bien trop trash pour Mia. Elle était également serveuse d’après l’uniforme qu’elle avait aperçu, mais si même en uniforme elle paraissait vulgaire aux yeux de Mia, que cela devait être en tenue personnelle. La brune avait d’ailleurs un sentiment qui lui disait qu’elle n’était pas nette. Dépitée, Mia continua sa route, laissant Liam et sa bimbo vivre leur vie tranquillement. Néanmoins, Mia se promit de garder un œil sur son béguin adolescent, juste pour s’assurer qu’il allait bien ou s’il aurait d’une manière ou d’une autre besoin d’aide.



Ce n’est que quelques années plus tard que les jeunes gens se croisèrent à nouveau. Mia durant tout ce temps avait continué à se faire vomir, cela lui jouerait des tours, elle le savait. Un cours de biologie entier avait été consacré à la nutrition fut-il un temps. Mais rien à faire, Mia ne se sentait bien qu’après avoir régurgité ses repas. La situation n'avait pas changé depuis le lycée, personne n'avait semblé s'apercevoir de l'anorexie de la jeune femme. La néo-zélandaise était devenue guide touristique et cela lui plaisait bien. D'ailleurs, elle arrivait souvent aux lieux de rendez-vous armée de son inséparable appareil photo, si bien que parfois, les visiteurs se voyaient souvent surpris de la savoir guide. Une fin d'après-midi après une visite, dans un de ses nombreux vagabondages, Mia se retrouva devant le Blackstone. Quelle fut sa surprise quand elle le vit fermé pour raisons personnelles. En effet, elle apprit quelques jours plus tard le décès d'une des employés du pub. Elle repassa plusieurs fois dans la semaine qui suivit au pub, sans jamais y entrer. Elle n'était pas tant que ça habituée de l'établissement mais elle connaissait les visages des différents employés. Lors de ses visites, elle constata que ni Liam ni sa copine n'était présent à chaque fois. Il ne lui fallut pas plus pour comprendre que la copine de Liam était l'employée décédée plus tôt. Elle aurait voulu aller le voir, vraiment, lui dire que s'il avait besoin, son numéro n'avait pas changé, qu'elle serait là s'il le voulait. Mais Mia n'eut pas la force de franchir les portes de l'établissement, après tout cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas adressé la parole, entrer comme une fleur dans le bar et refaire apparition de cette manière et en ces circonstances lui paraissaient énormément vulgaire. C'est ce qui fit qu'elle continua de passer de manière régulière au Blackstone, d'abord sans y entrer. Puis par un jour où elle fut courageuse, bien plus tard après le décès de la copine de Liam, elle s'y arrêta, prenant un café à emporter. Une des rares substances que son estomac réfractaire voulait bien garder. Cela devint une habitude et la brune revint, prenant son sempiternel café et parlant parfois au jeune homme à propos de banalités ennuyeuses à mourir.
Ses jambes la portaient encore, par quel miracle elle ne saurait dire. Il lui fallait rentrer au plus vite, se nourrir et aller se coucher, si possible sans passer par les toilettes entre temps. Mia n'avait que très peu mangé au petit déjeuner, quelques biscuits secs et un café tout au plus. Elle avait enchaîné les visites de Gold Coast, la saison touristique venait de débuter, les touristes affluaient dans la jolie ville australienne. Ce n'était pas bon, vraiment pas bon. Déjà elle sentait la chaleur malsaine monter en elle, des râles provenant de son ventre se faisaient entendre en même temps que son estomac se tordait, ses mains tremblaient, sa vision encore nette ne tiendrait pas bien longtemps. Elle le savait, ça lui était déjà arrivé. Elle entra à grand peine dans une boulangerie, acheta un muffin, histoire de tenir le coup jusqu'à son appartement au moins. Elle ne demandait pas plus, juste assez d'énergie pour rentrer chez elle. Mia n'en était plus très loin. Sa tête se mit à tourner quelques mètres plus loin après la boulangerie, la néo-zélandaise s'affaissa au sol trois pas plus tard, son muffin lui échappant des mains. Elle mit sa tête entre les genoux, espérant que son étourdissement lui passerait assez vite, l'implorant mentalement de la laisser en paix. De sa cachette elle entraperçut deux pieds, enfin dans l'état où elle était, Mia ne savait plus trop démêler le réel de l'hallucination. Une voix suivit l'apparition, une voix qu'elle connaissait. La voix de Liam. Elle ne saurait pas dire comment elle reconnut Liam, ses souvenirs de cette matinée étant flous dans son esprit. Il l'avait aidée à se relevée et raccompagnée chez elle.
De cet événement, Mia en avait affreusement honte. En effet, sur toute la population gold coastoise, il avait fallu que ce soit Liam qui la trouve. Il connaissait désormais son petit secret, celui dont même sa famille n'avait eu connaissance. Autant dire que cela eut pour effet de rapprocher les jeunes gens, devenus plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été, Liam allant même jusqu'à aider Mia a reprendre une alimentation normale. En effet, le jeune homme lui cuisinait ses petits plats équilibrés et maison, faisant ce qu'elle avait été incapable de faire quelques mois auparavant, être là pour lui, mettant ses soucis d'addiction aux drogues dures de côté. De cette addiction Mia n'en savait rien, l'aurait-elle su, elle aurait définitivement soutenu son ami.
Ce rapprochement alla même plus loi qu'une simple amitié. Il y avait quelque chose c'était évident. Quoi ? Telle était la question, néanmoins, on comparait souvent Liam et Mia à un vrai couple. Sauf que ni l'un ni l'autre n'avait l'audace de dire à l'autre ce qu'il ressent. Sûrement de peur du rejet de l'autre dans cette situation d'équilibre.
Comment cela évoluerait ? Seul l'avenir nous le dira.